Educateur comportementaliste canin Béthune, La bassée, Lille, Arras

Et si votre chien n’apprenait pas avec sa tête… mais avec son corps ?

Et si votre chien n’apprenait pas avec sa tête… mais avec son corps ?

Temps de lecture : 7 minutes

Education

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La mémoire procédurale, c’est quoi exactement ?

Sur le plan neuroscientifique, la mémoire procédurale fait partie de ce qu’on appelle la mémoire implicite. Contrairement à la mémoire déclarative (celle qui nous permet de nous souvenir d’un fait ou d’une date), elle ne nécessite ni langage, ni raisonnement conscient.

C’est elle qui vous permet :

  • de taper sur un clavier sans regarder les touches,

  • de faire du vélo après des années sans pratique,

  • ou encore de lacer vos chaussures sans réfléchir aux étapes.

Ce sont des routines motrices et cognitives automatisées, acquises par répétition.

Que se passe-t-il dans le cerveau ?

Même si on n’en a pas conscience, la mémoire procédurale repose sur un réseau bien précis dans notre cerveau – et celui des chiens aussi :

  • Les ganglions de la base, qui gèrent l’automatisation des actions répétées.

  • Le cervelet, qui affine la coordination motrice.

  • Le cortex moteur, responsable de l’exécution des mouvements.

Ces régions ne "réfléchissent" pas : elles agissent. C’est pourquoi un comportement appris procéduralement peut se déclencher même si on ne "se souvient" pas de l’avoir appris.

Le chien, expert en mémoire procédurale

Chez le chien, cette mémoire est au cœur de l’apprentissage quotidien. Et elle fonctionne incroyablement bien.

Prenons quelques exemples :

  • Vous ouvrez le coffre de la voiture, il saute automatiquement à l’intérieur. Même sans indication verbale, votre chien associe ce geste à une sortie. Par répétition, il a intégré cette action comme une routine : son corps "sait" qu’il doit monter. Il ne réfléchit pas, il agit.

  • Vous éteignez la télévision, il va se coucher dans son panier. La fin de la journée est ponctuée de signaux qu’il a appris à reconnaître : le bruit de la télécommande, votre posture, le changement de lumière... Sans que vous lui demandiez, il se dirige vers son lieu de repos. C’est une séquence apprise et ancrée.

  • Vous marchez toujours sur le même trottoir, et il contourne systématiquement une flaque. Il ne décide pas consciemment d’éviter l’eau : il l’a déjà fait plusieurs fois, et ce petit détour s’est inscrit comme une habitude motrice. Il le reproduit sans y penser, parce que son corps a appris à faire ainsi

Dans ces situations, le chien ne se dit pas : « Ah oui, hier j’ai fait ça, je vais refaire pareil ». Son système nerveux rejoue une séquence ancrée par l’expérience. La répétition crée l'automatisme.

Pourquoi c’est fondamental en éducation canine

Cette compréhension change profondément notre regard sur l’éducation.

➡️ Le chien ne répond pas à des ordres comme un robot.

Il reproduit ce que son corps a appris à faire, dans un contexte donné.

➡️ Ce qu’il répète devient ce qu’il “sait faire”.

Et plus il répète dans un état émotionnel stable et agréable, plus la séquence devient fluide, naturelle… et durable.

C’est exactement ce que vise le renforcement positif :

on crée un cadre répétitif, motivant, sans coercition, qui favorise l’ancrage corporel du bon comportement.

Attention : la mémoire procédurale n’est pas “morale”

C’est un point essentiel. Cette mémoire ne fait pas la différence entre ce qu’on veut qu’il apprenne… et ce qu’on préférerait éviter.

  • Un chien qui apprend à se coucher calmement à la maison répète une séquence apaisée.

  • Mais un chien qui subit un dressage brutal apprend aussi… à se figer, fuir ou se soumettre. Ces réactions deviennent elles aussi automatiques.

La mémoire procédurale retient l’expérience sensorielle et émotionnelle, pas l’intention de l'humain.

Implications concrètes : apprendre en respectant le corps et l’émotion

Comprendre ce type de mémoire chez le chien, c’est une invitation à :

  • Créer des routines simples, cohérentes et rassurantes.

  • Ancrer les apprentissages dans le plaisir, le jeu, la sécurité.

  • Éviter les méthodes stressantes qui conditionnent des réponses basées sur la peur.

  • Ne pas confondre obéissance mécanique et apprentissage profond.

En conclusion : le chien apprend avec tout son être

La mémoire procédurale nous rappelle que l’apprentissage est avant tout une question de répétitions émotionnellement marquantes. Le chien ne retient pas des leçons, il vit des expériences qui s’inscrivent dans son corps et dans ses circuits nerveux.


À nous de faire en sorte que ces répétitions soient positives, claires et respectueuses.

💡 Astuce éducative :

Envie d’ancrer un comportement chez votre chien ? Plutôt que de le “commander”, amenez le à le vivre avec vous dans un environnement sécurisé, au même moment, au même endroit, avec les mêmes gestes… et beaucoup de bienveillance.

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